< Job 41

Listen to this chapter • 2 min
[1] Prendras-tu le crocodile à l'hameçon? Saisiras-tu sa langue avec une corde?
[2] Mettras-tu un jonc dans ses narines? Lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet?
[3] Te pressera-t-il de supplication? Te parlera-t-il d'une voix douce?
[4] Fera-t-il une alliance avec toi, Pour devenir à toujours ton esclave?
[5] Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau? L'attacheras-tu pour amuser tes jeunes filles?
[6] Les pêcheurs en trafiquent-ils? Le partagent-ils entre les marchands?
[7] Couvriras-tu sa peau de dards, Et sa tête de harpons?
[8] Dresse ta main contre lui, Et tu ne t'aviseras plus de l'attaquer.
[9] Voici, on est trompé dans son attente; A son seul aspect n'est-on pas terrassé?
[10] Nul n'est assez hardi pour l'exciter; Qui donc me résisterait en face?
[11] De qui suis-je le débiteur? Je le paierai. Sous le ciel tout m'appartient.
[12] Je veux encore parler de ses membres, Et de sa force, et de la beauté de sa structure.
[13] Qui soulèvera son vêtement? Qui pénétrera entre ses mâchoires?
[14] Qui ouvrira les portes de sa gueule? Autour de ses dents habite la terreur.
[15] Ses magnifiques et puissants boucliers Sont unis ensemble comme par un sceau;
[16] Ils se serrent l'un contre l'autre, Et l'air ne passerait pas entre eux;
[17] Ce sont des frères qui s'embrassent, Se saisissent, demeurent inséparables.
[18] Ses éternuements font briller la lumière; Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore.
[19] Des flammes jaillissent de sa bouche, Des étincelles de feu s'en échappent.
[20] Une fumée sort de ses narines, Comme d'un vase qui bout, d'une chaudière ardente.
[21] Son souffle allume les charbons, Sa gueule lance la flamme.
[22] La force a son cou pour demeure, Et l'effroi bondit au-devant de lui.
[23] Ses parties charnues tiennent ensemble, Fondues sur lui, inébranlables.
[24] Son coeur est dur comme la pierre, Dur comme la meule inférieure.
[25] Quand il se lève, les plus vaillants ont peur, Et l'épouvante les fait fuir.
[26] C'est en vain qu'on l'attaque avec l'épée; La lance, le javelot, la cuirasse, ne servent à rien.
[27] Il regarde le fer comme de la paille, L'airain comme du bois pourri.
[28] La flèche ne le met pas en fuite, Les pierres de la fronde sont pour lui du chaume.
[29] Il ne voit dans la massue qu'un brin de paille, Il rit au sifflement des dards.
[30] Sous son ventre sont des pointes aiguës: On dirait une herse qu'il étend sur le limon.
[31] Il fait bouillir le fond de la mer comme une chaudière, Il l'agite comme un vase rempli de parfums.
[32] Il laisse après lui un sentier lumineux; L'abîme prend la chevelure d'un vieillard.
[33] Sur la terre nul n'est son maître; Il a été créé pour ne rien craindre.
[34] Il regarde avec dédain tout ce qui est élevé, Il est le roi des plus fiers animaux.